On a toutes de bonnes raisons d’avoir peur de faire des choses seule et surtout quand il s’agit de randonnée. On se trouve dans un endroit que l’on ne connaît pas forcément ou mal, face aux éléments et avec l’appréhension de faire une mauvaise rencontre. Pour ma part j’ai vu beaucoup de films d’horreur avec à la clef un groupe entier décimé par un psychopathe ou un ours affamé qui pourchasse un joli couple pour les dévorer. Sans parler des gens qui se retrouvent coincés pendant des jours et des jours après une mauvaise chute. J’ai décidé de passer outre ces peurs grâce à de nombreuses sportives qui tenaient toutes le même discours « heureusement qu’il y a la peur sinon je ne serais pas attentive ».
Et elles ont raison. Le danger est partout. On peut se faire renverser par une voiture en bas de son propre immeuble ou même être rongé par un cancer alors qu’on n’a jamais bu ni fumé. Alors j’ai décidé de ne plus me mettre de freins et de faire les choses que j’ai toujours eu envie de faire. A travers mon récit personnel je vais pour expliquer comment j’ai su me rassurer en m’équipant comme il faut et en préparant minutieusement mon départ. Pour que celles (et ceux) qui veulent terriblement tenter cette expérience sans arriver à sauter le pas puissent le faire enfin.
La préparation
Avant de me décider à partir j’avais déjà regardé quelques vidéos de randonneuses solo donnant quelques conseils pour celles qui voudraient se lancer. J’avais déjà quelques objets utiles et quelques notions sur quoi emporter en randonnée. Même si ce n’est que pour quelques heures il faut toujours prévoir l’éventualité de devoir passer une nuit en forêt. Voici ce que j’ai emporté avec moi:
– Mon téléphone chargé à 100%
– La carte de la randonnée
– Une carte plus précise de la région
– Une boussole
– Une lampe torche
– Une bonne polaire
– Un miroir (pour signaler sa position au cas où je me perdrais)
– Des allumettes (mais mon fire-steel aurait été 100x mieux en cas d’humidité)
– Un casse-croûte (pour deux repas au cas où il faudrait passer la nuit dehors)
– Une gourde remplie d’eau
– Une popote (au cas où je n’aurais plus d’eau potable et qu’il faudrait en faire bouillir)
– Une petite trousse de secours
– Des mouchoirs en tissu
– Un bon couteau dans une poche
(pour se rassurer mais aussi au cas où il faudrait construire un abri ou autre)
– Un pepper spray dans l’autre poche
(rassurant, toléré par les forces d’ordre lorsque détenu par une femme)
– Un chapeau de paille
– Un foulard
– Des vêtements confortables (jambes et manches longues)
– Une paire de chaussures de randonnée montante pour le maintien de la cheville
(car randonnée en montagne pour ma part)
– Un sac à dos
Avant de partir en randonnée il faut toujours prévenir quelqu’un de son départ mais aussi et surtout lui donner son parcours ainsi que l’heure de retour prévue. Moi je l’ai donné à ma mère qui en plus connaît bien les lieux. Et pour me rassurer et la rassurer un peu plus, je lui faisait des mises à jour par texto presque toutes les heures (en précisant l’heure d’envoi du message au cas où le message n’arriverait pas directement car ça capte quasiment pas dans la forêt où j’ai randonné). En revanche il ne faut surtout pas donner sa position en temps et en heure sur une quelconque application!
Le vent: faux ami
La randonnée partait assez loin de mon domicile du coup j’ai préféré partir à pieds de la maison plutôt que de me faire déposer à son départ. J’avais donc 1h de marche le long de la route sur le plateau de l’Aubrac avant de rejoindre la lisière de la forêt. Il y avait énormément de vent et contrairement à ce que l’on pourrait penser, il s’agit d’un faux ami. En effet, on se dit: « chouette je vais avoir moins chaud comme ça! » mais en fait le vent a deux inconvénients. Le premier, c’est que s’il souffle à contre sens, vous allez donner beaucoup d’énergie pour avancer. Et c’était le cas pour moi pendant presque toute cette partie de la randonnée. Le deuxième inconvénient, c’est que le vent dessèche. La peau et la bouche. Petit astuce pour éviter d’avoir la bouche sèche trop vite, prendre une gorgée d’eau et ne pas l’avaler tout de suite. Gardez-la en bouche le plus longtemps possible pour avoir une sensation d’hydratation plus longue.
La rencontre animale
Une fois arrivée sur le parcours de la randonnée, je suis rapidement arrivée sur un chemin empierré bordé de champs et de tâches d’arbres. Puis la forêt où il fait tout de suite plus frais. Très rapidement j’ai croisé des animaux sauvages. Deux chevreuils et un jeune cerf. Le spectacle est magnifique, on s’arrête et on observe l’animal quelques instants avant de le voir disparaître dans la densité végétale. J’ai même eu le temps de prendre en photo un chevreuil qui se trouvait sur le chemin et qui ne m’avait pas vue arriver. C’est vraiment pour ce genre de moment que j’aime marcher dans la nature.
La rencontre humaine
Je n’ai rencontré qu’un homme pendant ma randonnée (rassurant? tout est subjectif). Le type m’a vraiment fait flipper car quand je l’ai aperçu il était agenouillé au sol – flippant – et qu’il n’avait clairement pas l’air d’être un randonneur – encore plus flippant. Mais après s’être salués et avoir parlé quelques minutes ensemble j’ai rapidement compris son comportement qui m’avait paru douteux au départ. Il était simplement en train de cueillir du thé d’Aubrac (la plante préférée des aubracois). Au moment de repartir j’ai quand même gardé l’oeil ouvert et me suis retournée quelques fois. Rappelez-vous: la peur permet d’être attentive, sans elle vous êtes potentiellement foutue. Une chose que j’ai regretté d’avoir dit dans le quart de seconde qui a suivi c’était « vous êtes la première personne que je rencontre depuis le début de ma randonnée ». Je pense qu’il vaut mieux ne pas laisser comprendre à la personne que vous êtes potentiellement les deux seuls êtres humains aux alentours. Car si la personne est mal intentionnée, elle va rapidement se dire « c’est bon je suis tranquille pour l’embêter ».




Les sentiers mal balisés
Il m’est arrivé plusieurs fois de devoir retourner en arrière car j’avais perdu de vue le balisage – notamment pour un qui devait me faire tourner mais caché derrière une masse végétale et dont le sentier ressemblait plus à un chemin d’animaux qu’à autre chose – ou encore parce qu’il y avait eu coupe d’arbres laissés en plein milieu du chemin que je devais emprunter. C’est un aspect assez récurant surtout lorsqu’il s’agit de petites randonnées peu fréquentées. Le chemin de Saint Jacques de Compostelle est beaucoup plus simple à emprunter puisque très souvent foulé. A cause de ces chemins mal balisés, ma randonnée s’est rallongée d’1h30 car j’ai dû faire marche arrière à 3 reprises. Mais cela m’a permit de me rendre compte que j’avais un mental d’acier et que j’étais plus patiente que je ne pouvais l’imaginer.
Compte-rendu
Je ne regrette absolument pas d’avoir sauté le pas. Cette randonnée a été une véritable bouffée d’air frais pour moi. L’avantage lorsqu’on part seul, c’est qu’on peut marcher à son propre rythme, s’arrêter quand on veut notamment pour prendre des photos sans embêter les autres qui voudraient continuer, mais aussi et surtout se retrouver face à soi. C’était un pur moment de méditation. et j’ai déjà à nouveau envie de repartir seule!
S’il y avait quelques petites choses à améliorer, j’aurai préféré avoir une couverture de survie en cas de pépin car elle prend peu de place et permet de rester au chaud sans avoir à faire un feu. Car le feu il faut l’entretenir toute la nuit, c’est potentiellement dangereux dans les régions sèches en été et ça peut attirer l’oeil d’une personne mal intentionnée.
J’aurai également téléchargé une application type gpx viewer sur mon smartphone au cas où je me serais perdue dans un des nombreux endroits où le téléphone capte très peu ou même pas du tout. Cela permet de télécharger une carte de son parcours et de pouvoir la regarder même en étant hors ligne.
J’ai carrément oublié d’emporter du papier toilette! Bien que j’aurai facilement fait preuve d’imagination en cas de grosse commission, quelques feuilles de papier toilette sont toujours agréables à avoir sur soi.
Mes conseils
Faire:
– Bien préparer sa randonnée
– Bien s’équiper
– Prévenir une personne de son départ, de son parcours et de l’heure prévue de retour
– Prévoir plus de nourriture en cas de pépin
– Avoir de quoi faire bouillir de l’eau en cas de pénurie d’eau potable
– Avoir de quoi se défendre en cas de mauvaise rencontre
Ne pas faire:
– Tenir compte de sa position sur une application
– S’éloigner du chemin de randonnée (sauf si vous vous sentez suivie)
– Un feu ou installer une tente qui ne puisse pas se camoufler
Et si vous avez toujours un peu peur de partir en randonnée seule, pourquoi ne pas faire un bout du chemin de Compostelle? Même si vous n’êtes pas croyant, c’est un joli chemin. Une partie passe dans ma région et est sur une ancienne voie romaine. L’avantage c’est que ce chemin est blindé de pèlerins, vous aurez donc un senti de sécurité plus fort!
Avez-vous déjà randonné seule?
Auriez-vous des conseils à donner à celles qui voudraient sauter le pas?
N’hésitez pas à partager votre expérience!